Louis Favre, né le 27 janvier 1826 à Chêne-Thônex (actuelle Chêne-Bourg) et mort le 19 juillet 1879 à Göschenen, est un architecte et entrepreneur suisse, spécialiste des travaux publics, des chemins de fer en particulier, à qui l’on doit entre autres le premier tunnel ferroviaire du Saint-Gothard. Fils d’un maître charpentier d’origine savoyarde, il quitte en 1845 l’atelier de son père et se trouve reçu comme compagnon charpentier en mars 1846 à Neuilly-sur-Marne.
Il suit, par la suite, des cours d’architecture et se forme en autodidacte comme entrepreneur. Entre 1846 et 1851, il travaille avec Jean-Daniel Colladon, ingénieur des chemins de fer, aux travaux de la compagnie PLM menés à Charenton, sur la ligne reliant Montbart à Dijon, entre 1852 et 1853, de la Vaise à Lyon (1854), de la ligne d’Ougney avec un tunnel dans les marnes en 1855, de l’allongement du tunnel du Crédo de la ligne Lyon-Genève, entre 1856 et 1858, puis des tunnels de Grandvaux et de la Cornallaz sur la ligne Lausanne-Fribourg entre 1858 et 1860.
En 1863, il achète les carrières de Seyssel et Saint-Paul-Trois-Châteaux puis les revend en 1878 à la Société des carrières du Midi basée à Lyon. De 1863 à 1865, il fait construire pour Henri du Bord l’hôtel de la Paix à Genève où il achète le domaine du Plongeon en 1865 (actuel Parc des Eaux-Vives).
Sur appel d’offres, Louis Favre remporte le concours pour le percement du grand tunnel ferroviaire du Saint-Gothard lancé en 1872 en s’engageant par un contrat inique pour une réalisation de celui-ci en huit ans. C’est, par le sud, à Airolo que débutent les travaux le 13 septembre 1872, puis par le nord à Göschenen le 24 octobre. Très vite, des problèmes techniques imprévisibles, car liés à la mauvaise évaluation par la Compagnie du chemin de fer du Gothard, des forces motrices (débits d’eau) disponibles et à la nature géologique des roches, ralentissent les travaux. Sept mois avant le percement du dernier tronçon, le 19 juillet 1879, Favre meurt dans la galerie du tunnel.
La direction des travaux reprise, pour le compte de l’héritière Madame Marie Augustine Hava, la fille de Louis Favre, par l’ingénieur Edouard Bossi entouré par l’ingénieur Ernest von Stockalper et l’avocat Louis Rambert. Le tunnel sera ouvert le 1er janvier 1882. Malgré un faible dépassement de délai pour un ouvrage de cette ampleur et qui en plus était une première, la compagnie du chemin de fer du Gothard attaquera ses héritiers en justice, car aucune clause de force majeure n’avait été prévue dans le contrat : le retard avait été dû à des impondérables (inondation de la galerie, etc.) et pour partie à des impréparations, contre-ordres et des retards de paiement du maître d’ouvrage. Au cours des travaux, et après la mort de Louis Favre en 1879, Colladon défendra ce dernier dans la communauté scientifique et technique par grand nombre d’écrits. Pendant les travaux de percement du Grand Tunnel de 1872 à 1882, la Compagnie du Gothard, le maître d’œuvre, avait été sous les ordres de trois directions techniques différentes, sans compter les interrègnes, chacune de ces directions apportant des vues personnelles divergentes du projet et des procédés.
Au St Gothard, Louis Favre qui s’est élevé seul, entreprend un tunnel incomparablement plus difficile, avec la chaîne d’un contrat léonin, où toutes les clauses sont une menace contre lui. Le tunnel de quinze kilomètres est percé en sept années et cinq mois, son coût est de dix à douze millions moindre que celui du Mont Cenis, et Favre meurt victime des persécutions qu’il a endurées et la Compagnie du chemin de fer du Gothard qu’il a sauvé d’une liquidation probable, n’a pas de plus grande préoccupation après son décès que de s’emparer des millions de son cautionnement en ruinant à fond sa famille et spoliant les commanditaires.